2023, continuer le travail engagé

Le passage de l’année 2022 à l’année 2023 est l’occasion de regarder dans le rétroviseur le travail accompli ces douze derniers mois. Certes, se féliciter du travail accompli est utile, mais il ne s’agit pas seulement de cela. C’est aussi, je crois, une tâche politique indispensable pour se projeter au mieux dans les batailles à venir, en ayant conscience des points d’appui acquis et du travail restant à accomplir. 

Avant toute chose donc, je vous présente mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année, sur le plan collectif et individuel, que 2023 soit pleine de victoires, de grandes et de petites joies. 

Je me concentrerai ici sur le travail programmatique et intellectuel de notre mouvement. Pour d’autres aspects, je vous renvoie à des notes publiées par d’autres ces derniers jours, comme celle de Manuel Bompard.

Dans les premiers mois de l’année 2022, nous avons été des centaines de milliers à pied d’œuvre au quotidien, un objectif en ligne de mire : l’élection présidentielle des 10 et 24 avril. Si le résultat n’a évidemment pas été celui que nous espérions, les 22% des suffrages, soit près de 8 millions d’électeurs qui ont choisi le bulletin de vote Jean-Luc Mélenchon, doivent être considérés comme une immense victoire. Ainsi, il y a un an, aucun institut de sondage ne donnait notre candidat au-delà des 10% d’intentions de vote. 

Ce résultat est celui d’une formidable campagne menée dans chaque immeuble, dans chaque village, sur chaque marché, grâce à la détermination des partisans de l’Union populaire. 

Grande marche contre la vie chère, 16 octobre 2022

C’est aussi le résultat d’un travail programmatique phénoménal. Il y a un an, alors que le livre programme l’Avenir en commun caracolait en tête des ventes, nous finalisions les premiers plans et livrets. Nous avons, dans les trois premiers mois de l’année, publié plus de cinquante de ces documents qui ont décliné précisément chaque point du programme, et la manière dont nous nous y prendrons, une fois au pouvoir, pour les mettre en œuvre. En parallèle, nous avons chiffré précisément chacune des 694 mesures du livre programme l’Avenir en commun. 

Tout ce travail titanesque a été mené grâce au travail sérieux de bénévoles, de militants, d’économistes, de haut fonctionnaires, des centaines de contributeurs de l’ombre sans lesquels rien de tout cela n’aurait été possible. 

Ces plus de 1500 pages de programme ont été décisives dans les semaines qui ont suivi. Je veux ici parler de la naissance de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES). Outre la bannière commune et la présentation d’un candidat commun dans chaque circonscription de l’Hexagone, cette union impliquait également un programme commun. Injustement ignoré par des éditorialistes aveuglés par leurs obsessions, le programme partagé de gouvernement de la NUPES est l’un des textes politiques les plus importants de l’histoire politique contemporaine française. Après avoir suivi successivement les modèles allemand de Die Linke et espagnol de Podemos dans les deux premières décennies du 21e siècle, la gauche française ouvre une nouvelle voie avec la NUPES et la recomposition de notre camp autour d’un programme radical de rupture

Convention de la Nouvelle Union Populaire écologique et sociale, 7 mai 2022

Cette cohérence programmatique a fait le succès de notre union lors de législatives : nous sommes arrivés en tête au premier tour ! Avec d’autres modes de scrutin que celui en vigueur sous la Ve République, cela nous aurait envoyé aux manettes du pays. Cette cohérence programmatique a aussi été le carburant d’une dynamique que nous avions sous-estimée : la préférence des macronistes pour l’extrême-droite face aux candidats de la NUPES, qui nous a privés de la victoire au second tour. 

À la moitié de l’année 2022 s’est ainsi ouverte une période radicalement nouvelle. Bien que la dissolution de l’Assemblée nationale soit toujours une hypothèse, un paradoxe est apparu devant nous : plusieurs années nous séparaient de la prochaine échéance électorale formellement inscrite au calendrier, sans pour autant que les questions politiques majeures aient été tranchées. Macron avait été réélu par défaut face à l’extrême-droite et l’élection législative faussée par une distribution du matériel électoral défaillante et une abstention exceptionnelle. 

Nous aurions pu remiser au placard notre programme, laisser les citoyens français rester chez eux jusqu’à la prochaine élection, et nous contenter de mener tranquillement notre travail de député, pour les 151 d’entre nous à qui le suffrage populaire a confié cette mission pour la NUPES. 

Nous avons au contraire choisi de continuer à creuser notre sillon, en suivant les principes qui ont toujours été les nôtres. 

D’abord, dans le travail parlementaire, la défense et la mise en avant de notre programme, chaque fois que cela a été possible. Pour mettre fin à la concentration dans les médias et l’industrie culturelle, pour instaurer une allocation d’autonomie pour les jeunes en formation, pour garantir l’accès à l’eau potable par la gratuité des mètres cubes vitaux, pour créer un corps de fonctionnaire pour les accompagnants d’élèves en situation de handicap, pour interdire les coupures d’électricité pour impayés de factures, pour l’amnistie des gilets jaunes : ce ne sont là que quelques exemples des propositions de lois issues de notre programme que nous avons déposé. 

Dans le travail parlementaire toujours, pour préciser encore nos propositions, afin de préparer au mieux leur application. C’est ainsi le sens du travail que quelques uns de mes collègues et moi-même avons entrepris autour des énergies renouvelables. Quel mix énergétique précis organiserons-nous une fois au pouvoir ? La période qui s’est ouverte au second semestre 2022, avec le projet de loi sur les énergies renouvelables, et qui se poursuit en 2023, avec la LPEC notamment, est l’occasion de se préparer à gouverner plus finement encore. 

Limiter le champ de notre travail programmatique et intellectuel à la bataille parlementaire serait une erreur. Cette dernière restreint notre champ d’action au calendrier dicté par le gouvernement et nous prive de la contribution de celles et ceux qui nous ont rejoint par dizaines lors des précédentes campagnes et ne suivent pas au jour le jour ce qui s’y passe. 

C’est ici que je dis quelques mots de l’Institut La Boétie. Cette fondation insoumise, dont nous avions décidé la création lors de l’Assemblée représentative de 2019 et que j’ai l’honneur de co-présider avec Jean-Luc Mélenchon, doit être un pièce maîtresse de notre action. Lieu d’élaboration intellectuelle de haut niveau et outil d’éducation populaire, il a vocation à être utile dès maintenant et sur le long terme. 

Assemblée représentative de La France insoumise, 10 décembre 2022

Nous le lancerons formellement le 5 février prochain. Cependant, ses équipes sont déjà à l’ouvrage. Ainsi, plusieurs notes ont déjà été publiées, afin de donner à chacune et chacun les armes intellectuelles face aux grands enjeux du moment : sobriété énergétique, marché de l’électricité, superprofits, 49.3, inflation. Cette dernière note a donné lieu à une après-midi de débats extrêmement riche intellectuellement. La cheffe-économiste du Trésor Agnès Bénassy-Quéré et le patron Michel-Edouard Leclerc y sont venus débattre de nos propositions pour le blocage des prix et l’indexation des salaires. La Direction générale du Trésor a, par la suite, consacré une note au développement de sa réponse à nos propositions sur l’inflation. Il est nécessaire de prendre la mesure de ce que cela signifie : par ce travail, nous crédibilisons l’alternative que notre programme constitue. 

Nous poursuivrons ce travail sur la question centrale de ces prochains mois : la bataille des retraites. Emmanuel Macron a réaffirmé lors de ses vœux sa volonté de mettre en œuvre sa réforme injuste cette année, nous réaffirmerons et démontrerons ces prochaines semaines qu’une autre réforme des retraites est possible et nécessaire. 

Notre travail ne se limitera pas à la publication de notes et à l’organisation de débats à Paris : il irriguera toute l’action de la France insoumise en rendant possible la tenue de formations et de cafés populaires partout en France. J’en ai dit quelques mots ici

Une nouvelle année commence. Celle qui s’est achevée a vu naître dans tout le pays de grandes aspirations. La candidature de Jean-Luc Mélenchon puis la naissance de la NUPES ont représenté un espoir inédit. 

Continuons le travail engagé. Bonne année 2023 à toutes et tous !

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