Après 6 ans de macronisme, ses ministres nous annoncent une nouvelle cure d’austérité. Pourtant, on n’a jamais dilapidé autant d’argent public.
Un point sur le nouveau livre passionnant d’Anne-Laure Delatte.
Peu de Français ont entendu parler de la suppression de la CVAE, décidée par Macron il y a quelques mois. La CVAE, c’est la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Elle rapporte tous les ans 8 milliards d’euros. Toutes les entreprises dont le chiffre d’affaires est supérieur à 500 000 € devaient s’en acquitter.
L’objectif assumé de Bruno Le Maire ? Rassurer les entreprises. Un nouveau cadeau fiscal, après les baisses de charges et les exonérations successives mises en place depuis 6 ans.
Le souci ? C’est que cela coûte cher. Très cher.
Simple comparaison : la réforme des retraites, c’est selon Le Maire lui-même ”8 à 9 milliards d’euros d’économie au bout du quinquennat”. La CVAE, c’est 8 milliards par an. Le sacrifice de 2 ans de vie pour toutes et tous a donc servi à financer un cadeau fiscal passé par 49.3.
Mais le scandale ne s’arrête pas à la CVAE.
Tout le système d’imposition et de taxation français organise le pompage de l’argent des ménages vers les entreprises, ce qui est brillamment démontré dans ce livre.
Si l’on part des impôts et prélèvements : en moyenne depuis 1945, ⅔ des recettes de l’État viennent des ménages, tandis qu’⅓ vient des entreprises. Les entreprises censées être “beaucoup trop taxées” le sont en réalité 2 fois moins que les ménages.
Les impôts ont augmenté dans les 40 dernières années, mais cette hausse repose quasi-intégralement sur les ménages et en particulier sur la TVA. L’impôt le plus injuste.
Côtés dépenses de l’État, les aides publiques ont augmenté continuellement depuis 1979.
Mais la part destinée aux aides aux ménages est stable, cette hausse est donc entièrement tirée par l’augmentation des aides aux entreprises et en particulier des exonérations fiscales.
Les aides publiques aux entreprises, c’est 6% à 8% du PIB. C’est 180 milliards d’euros par an. C’est trois fois le budget de l’Éducation. C’est 20 fois celui de la justice.
La farce macroniste à ce sujet continue :
Le gouvernement a lancé il y a peu en grande pompe la consultation en ligne « En avoir pour mes impôts ». On y met en avant le coût de l’éducation, de la santé, de tous les services publics ! C’est là qu’est le piège.
Vous apprendrez que votre enfant en maternelle “coûterait” 6805€ par an. Mais rien sur les aides aux entreprises.
Pas un centimètre sur le diagramme.
Pas une ligne sur le site internet.
Leur justification ? Pour les aides aux entreprises, « rien ne sort à proprement parler des caisses publiques ». Mais ce manque à gagner de 180 milliards d’euros par an, quelqu’un doit le payer. Et c’est vous.
Vous l’aurez compris, ce gouvernement s’apprête à vous demander de nouveaux efforts, alors même que pour les grandes entreprises, l’argent public ruisselle comme jamais.
Je vous écris cela après la lecture passionnante du nouveau livre de l’économiste, chercheuse au CNRS, Anne-Laure Delatte : « L’État droit dans le mur ». Elle y décrit comment l’État a délaissé le Peuple pour se mettre au service du marché et des grandes entreprises, passant d’un État providence à un « État par et pour le marché ».
Courez le lire. Un ouvrage d’utilité publique.