Depuis quelques semaines, le gouvernement a tenté d’imposer son récit médiatique sur la rentrée scolaire.
En tentant de monter les Français les uns contre les autres pour plaire à l’extrême droite, il aussi essayé d’empêcher de parler des scandales qui devraient faire la Une.
7900 postes d’enseignants ont été supprimés dans les collèges et lycées publics entre 2017 et 2022. Rien que pour cette rentrée, c’est 2100 enseignants en moins dans tout le pays.
Et puis, il y a le manque de vocations. Impossible de recruter des professeurs en nombre suffisant. Plus de 2395 postes n’ont pas été pourvus à l’issue des concours de recrutement des professeurs. En mathématiques, il manque 250 postes, soit près de 20%. En physique-chimie, 24% des postes sont non pourvus. En langues étrangères, 119 postes sont perdus. En éducation musicale et chant chorale, c’est près de 44% des postes qui ne sont pas pourvus.
À l’origine du peu de candidats au concours : des conditions de travail qui se dégradent, des classes trop nombreuses, et des salaires faibles.
Le déclassement des professeurs dans ce pays est terrifiant.
En 1980, en début de carrière, le salaire d’un professeur titulaire du Capes était équivalent à 2,2 Smic. En 2023 c’est seulement 1,1 Smic. Sur une période de quarante ans, il a donc été divisé par deux par rapport au salaire minimum.
Si l’on compare avec les autres pays de l’OCDE, c’est encore plus impressionnant. Un enseignant français avec 15 ans d’expérience, gagne 16% de moins de la moyenne de l’OCDE. En élémentaire, les professeurs des écoles touchaient 19 % de moins.
La situation s’aggrave encore lorsqu’on parle de scolarisation des enfants en situation de handicap. Selon l’Unapei, 23% des enfants en situation de handicap ne sont pas du tout scolarisés. 28% avec quelques heures de cours seulement et dans des locaux « souvent inadaptés ».
À ce sujet, la France est mise en garde.
Le Comité des droits de l’enfant de l’ONU a demandé expressément en juin dernier à la France “de prendre toutes mesures permettant d’améliorer significativement l’inclusion scolaire des enfants en situation de handicap”.
Selon la Défenseure des droits « les établissements scolaires, faisant face à un nombre d’élèves par classe souvent très élevé, et très sollicités pour la mise en œuvre de l’école inclusive, ne se voient pas allouer les moyens nécessaires » à même de permettre une réelle inclusion.
Des accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) manquent comme chaque année et des enfants ne pourront pas être scolarisés, totalement ou partiellement. La Défenseure des droits dénonce « le nombre grandissant d’enfants dont les besoins sont très largement non ou mal couverts ». Là encore, les faibles salaires expliquent les difficultés de recrutement.
Voilà un bref panorama de la crise qui ébranle l’école publique française.
La crise est totale, et elle était prévisible tant tout le monde alerte depuis des années. C’est cela l’urgence à l’école.
Je veux exprimer mon soutien et mon encouragement à toutes celles et ceux qui font leur rentrée aujourd’hui, élèves comme enseignants.
Une pensée également pour tous les parents d’élèves, parfois inquiets. Nous ne laisserons pas tomber l’école publique.