Affaire Bayrou-Bétharram : un scandale d’État

Pourquoi un tel silence ?

Depuis une semaine, François Bayrou est lié à un scandale de pédocriminalité, qui s’est déroulé dans un établissement près de Pau.

L’affaire devrait faire la Une de tous les médias.

Les faits se déroulent à Notre-Dame de Bétharram, institut religieux situé à une trentaine de kilomètres de Pau. Un établissement que François Bayrou connaît bien puisqu’il y a scolarisé ses enfants.

Entre les années 1950 et 2010, des cas de viols et de violences physiques et sexuelles ont été commis sur des enfants de 8 à 13 ans. On ne parle pas de quelques cas isolés : 112 plaintes ont été déposées contre des prêtres et des surveillants du pensionnat.

Aujourd’hui, Bayrou dit qu’il ne sait rien. Et qu’il n’en a jamais rien su. Résumons les faits.

En 1996, une première affaire éclate : un surveillant a tabassé un élève, lui laissant des séquelles à vie. Bayrou est alors Ministre de l’Education nationale. L’affaire éclate dans la presse locale et nationale.

Un des enfants Bayrou est dans la même classe que la victime. Il n’apporte pas de soutien public à la famille. Pire : il soutient publiquement l’établissement. Il s’y rend en personne et dit « Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques [contre Bétharram] avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice ». Glaçant.

Il ment donc éhontément aujourd’hui quand il dit qu’il n’en savait rien.

Autre scandale : en 1998, l’ancien directeur de l’établissement, le père Carricart, est mis en examen pour viol sur un enfant.

Après une courte détention, il s’enfuit au Vatican et se suicide deux ans plus tard. Une seconde plainte pour viol avait été déposée contre lui. À ses obsèques, la femme de François Bayrou, qui enseigne le catéchisme dans l’établissement, est présente pour lui rendre hommage.

Malgré les faits, il nie aujourd’hui avoir été au courant. Des parents d’élèves et une enseignante disent et maintiennent l’avoir alerté directement.

Ce n’est pas terminé : Bayrou serait même directement intervenu en rencontrant le juge dans cette affaire pour le questionner sur ce dossier, pourtant couvert par le secret de l’instruction. Il nie cette rencontre. Contre tous les éléments de preuve.

Le juge dénonce aujourd’hui. « Je sentais qu’il ne fallait pas que je m’attarde sur ce dossier. François Bayrou a fait la démarche de venir me voir lorsque le prêtre était en détention ».

Une tentative de pression pour protéger l’établissement, donc.

Comment expliquer le silence général sur cette affaire ?

Nous avons face à nous une affaire d’État. Bayrou est Premier ministre à présent. Il doit s’exprimer, s’expliquer. Devant la justice et devant la représentation nationale.

Cette enquête glaçante est à retrouver dans Le Monde et Mediapart.

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