Le point sur les auditions de la mission sur les énergies renouvelables !

La France est le seul pays de l’Union européenne en retard sur les énergies renouvelables (EnR) : en janvier 2022, cette réalité d’Eurostat a fini de décrédibiliser le bilan écologique d’Emmanuel Macron, pour celles et ceux qui y croyaient encore. Les engagements du premier quinquennat en faveur des énergies renouvelables rejoignaient le lot des mystifications dont l’exécutif a le secret, ici sur la protection de la biodiversité, là sur l’éradication du sans-abrisme, ou encore sur l’égalité femmes-hommes. Pourtant, selon le dernier baromètre CSA de septembre 2022, le pouvoir d’achat (victime du coût de l’énergie) et le changement climatique sont aujourd’hui les deux premières préoccupations des Français·es. Tous deux ont, entre autres points communs d’achoppement, la question des énergies renouvelables et de leur développement. 

Connaître les raisons du retard français, trouver les moyens d’une plus forte acceptabilité de la transition énergétique, c’est précisément l’objectif de la Mission flash sur le déploiement et l’acceptabilité des EnR dont les auditions ont débuté les 27 et 28 septembre à l’Assemblée nationale. Comme co-rapporteure de la Mission, j’ai déjà pu échanger avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), des associations (LPO, Greenpeace, WWF, France Nature Environnement, négaWatt) et opérateurs de l’État (ADEME, CEREMA, INERIS) et enfin des opposants aux EnR. A noter la présence en auditions de quelques officines climatosceptiques et pro-nucléaires, proches des galaxies du Rassemblement national et pas toujours au niveau. Petit bilan après cette première semaine : 

  • Plus que les diversions macronistes sur le poids des normes, le contentieux et la participation du public, le marasme des énergies renouvelables françaises semble s’expliquer par le manque de moyens humains des services centraux et déconcentrés de l’État chargés de l’instruction et du contrôle des projets d’EnR. La pénurie touche aussi ses opérateurs, détenteurs d’expertises techniques clés pour accompagner la transition énergétique des collectivités locales. Tous ont été les victimes de méthodiques coupes d’effectifs que notre groupe parlementaire LFI a régulièrement dénoncé lors de l’examen du  budget dans la précédente législature. 
  • Plutôt que d’acceptabilité, c’est bien d’appropriation par les habitants des ressources renouvelables de leur territoire dont il faut parler. Il ne faut pas faire reculer la place des habitants dans la construction de projets d’énergies renouvelables mais la développer. Comment pourrait-on rogner encore sur la concertation alors que des habitants découvrent déjà par hasard qu’un méthaniseur XXL va être construit à côté de leur domicile ? Il est réaliste et nécessaire de penser autour des projets d’EnR les paysages énergétiques du 21e siècle, avec les habitants et en tenant compte des spécificités sociales, culturelles et naturelles locales. 
  • La planification écologique mise dans le débat public par l’Avenir en commun puis par le programme de la NUPES est dans tous les esprits : les acteurs du secteur des EnR s’accordent sur la nécessité de planifier la production d’EnR à l’échelle nationale et locale.
  • Un meilleur partage de la valeur produite par les EnR est à imaginer pour assurer l’égalité entre les citoyens et entre les territoires. Les capacités renouvelables doivent être exploitées au bénéfice de l’emploi, de la relocalisation industrielle et de l’équipement des territoires.

Cette semaine, les auditions reprennent avec les énergéticiens, les syndicats agricoles et les services de l’État. Je vous donne rendez-vous pour un nouveau point d’étape.

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