Urgence climatique : l’audiovisuel public ne doit pas casser le thermomètre

En quelques semaines, on a appris la suppression de plusieurs émissions consacrées à l’écologie sur les antennes de Radio France et de France Télévisions. Ces annonces sont extrêmement préoccupantes. La disparition de la plateforme “Nowu” ainsi que des programmes « Vert de rage », « C’est bientôt demain » ou encore « Planète bleue » représente un recul majeur pour l’information et le débat public sur l’un des enjeux les plus cruciaux de notre époque.

Un coup porté à la lutte contre le changement climatique

Alors que l’urgence climatique n’a jamais été aussi criante, il est inacceptable de voir disparaître ces espaces de réflexion et de mobilisation citoyenne. Ces émissions jouent un rôle indispensable en informant le public sur les enjeux environnementaux, en donnant la parole aux experts et aux militants, et en encourageant le débat contradictoire.

Supprimer ces émissions, c’est chercher à faire taire les voix qui dénoncent l’inaction climatique des gouvernants et à étouffer le débat sur les solutions alternatives. C’est une grave atteinte à la démocratie, et un coup porté à la lutte face à l’urgence climatique. 

Un retour à l’ORTF ?

Les justifications avancées par les directions de Radio France et France TV sont pour le moins contestables. Sont invoquées des raisons budgétaires, alors que les émissions supprimées étaient populaires et ne représentaient qu’une part infime du budget global. 

Loin de répondre à un manque d’audience, comme le prétendent  les directions de Radio France et de France TV, ces suppressions relèvent d’un « virage éditorial plus large » visant à dépolitiser l’information et à museler toute critique du pouvoir en place, selon les journalistes de Radio France interrogés par Mediapart. La suppression de l’émission “C’est bientôt demain”, créneau hebdomadaire consacré à l’actualité des luttes et mobilisations environnementales et sociales en cours, en est un exemple flagrant. 

Ces suppressions ne se limitent pas aux émissions consacrées à l’écologie. La chronique hebdomadaire de Dominique Méda, « Le pourquoi du comment : économie et social », qui abordait des sujets d’actualité comme les politiques sociales, l’État providence, ou encore le marché du travail, a également été supprimée. Cette chronique était un lieu d’information et de contestation des politiques macronistes, ce qui explique sans doute sa disparition.

L’urgence d’un service public libre et indépendant

Cette réorganisation des programmes de Radio France et France TV est une attaque inacceptable contre l’information, le débat public et la démocratie. Elle s’inscrit dans un contexte d’offensive plus large contre les libertés fondamentales, menée par un pouvoir qui cherche à museler toute voix discordante. L’audiovisuel public, qui pourrait être un rempart contre ces dérives, est lui-même fragilisé. Les coupes budgétaires successives et le contrôle accru de l’exécutif sur les nominations et le financement fragilisent son indépendance et sa capacité à remplir sa mission d’information et de service public.

Nous ne pouvons pas laisser la voix de l’écologie et de la contestation citoyenne être réduite au silence. L’avenir de notre planète et de notre démocratie en dépend.

L’audiovisuel public doit jouer pleinement son rôle d’éclaireur et de lanceur d’alerte face aux défis environnementaux et sociaux qui nous confrontent. Il doit être un espace de débat libre.

Mobilisons-nous pour exiger un service public libre, indépendant et pluraliste, qui donne la parole à toutes les voix, y compris celles qui dérangent.




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