Changement climatique : comment le gouvernement a baissé les bras

“Ce n’est pas du défaitisme climatique, c’est de la lucidité”. Ces mots sont ceux du ministre de la transition écologique, Christophe Béchu.

L’adaptation sans la bifurcation est absolument dramatique, je vous explique pourquoi.

Dans une interview au JDD, le Ministre présente la “trajectoire de réchauffement de référence pour l’adaptation au changement climatique”.

La rhétorique du gouvernement vise en fait à justifier leur inaction climatique en faisant croire à un plan d’adaptation ambitieux.

Et quel programme pour ce nouveau plan d’adaptation ?

Des “conseils et des recommandations pour tous les acteurs”. Le Ministre montre une fois de plus qu’il ne comprend pas les enjeux auxquels sa fonction est censée répondre.

Tous les acteurs le répètent : l’adaptation seule ne suffira pas, plus nous retardons la réduction des émissions de gaz à effet de serre et moins nous pourrons nous adapter.

Le 10 mai le Conseil d’État a encore mis en demeure le gouvernement d’accélérer son action climatique, en exigeant les preuves d’un redressement de la trajectoire d’ici le 31 décembre 2023.

S’adapter aux conséquences d’un réchauffement de 1,5°C et d’un réchauffement de 2°C, ça n’a rien à voir.

L’adaptation au changement climatique ne peut fonctionner que si elle est couplée à la planification d’une réelle bifurcation écologique.

Autre problème : le scénario utilisé. Béchu qualifie le scénario pessimiste de “réaliste”.

Mais la réalité est encore pire. Une étude du CNRS, de Météo France et du Cerfacs en octobre 2022 a montré que le réchauffement climatique en France sera probablement bien plus intense que ce que l’on pensait :


En réalité, le scénario utilisé par le gouvernement est très modéré : En 2100, la température moyenne en France aura augmenté de 3,8°C.

Ça veut dire :

+3,2°C en hiver

+5,1°C en été

Toujours selon le scénario le plus probable, des écosystèmes entiers pourraient disparaître et le paysage agricole sera drastiquement modifié avec des conséquences dramatiques sur la sécurité alimentaire.

Dans le scénario pessimiste : la température moyenne atteindrait +6,7°C en moyenne d’ici 2100. + 4°C, ce n’est pas pessimiste, c’est réaliste.

Béchu nous dit “Si on se prépare à une France à +4°C et qu’à la fin on a un réchauffement climatique de 2°C, c’est moins grave que l’inverse”.

Ce qui est grave, c’est de se préparer à + 4°C alors qu’on risque d’avoir + 6,7°C.

Nous le répétons : il est nécessaire de planifier la bifurcation écologique de notre système économique. Une politique écologique ambitieuse doit absolument reposer à part égale sur les deux piliers fondamentaux que sont la bifurcation et l’adaptation.

Nous avons fait paraître un plan complet pour gouverner : mettre en place la règle verte par la planification écologique. Si Monsieur Béchu veut sortir de l’inaction, je me tiens à sa disposition pour lui en expliquer les détails.

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