Industrie : Macron n’a rien compris

Aujourd’hui, c’est le sommet Choose France.

Comme tous les ans, Macron reçoit dans les salons dorés du château de Versailles des chefs d’entreprise du monde entier.

L’objectif ? Les convaincre d’investir en France. Une stratégie perdante.

Voilà pourquoi.

D’abord, Choose France, c’est quoi ? Créé en 2017 par Emmanuel Macron, c’est le moment pour lui de faire la promotion auprès des grandes multinationales de sa politique de baisse des impôts pour les grandes entreprises.

Et d’année en année, il a déployé tous ses talents de séduction. Aux frais des contribuables français. Un pognon de dingue.

On récapitule :

– Suppression de l’ISF (5 milliards par an)

– Mise en place du prélèvement forfaitaire unique, la flat tax (3 milliards par an)

– Transformation du CICE en baisse de cotisations

– Baisse des “impôts de production” (10 milliards par an)

– Suppression de la CVAE (18 milliards par an)

Sans parler de la casse du droit du travail ou de la préservation des superprofits pendant le Covid et face à l’inflation.

Un cadre idyllique donc pour faire la promotion de ses cadeaux directement à ceux qui en profitent. Les Français, qui financent ces cadeaux années après années, ne sont pas invités, vous vous en doutez.

Cette année, c’est donc la 6ème édition. Avec un invité accueilli dès ce matin en grande pompe à l’Elysée : Elon Musk, le fossoyeur de Twitter. Mais si le gouvernement annonce partout 13 milliards d’investissements étrangers, cette communication cache des échecs patents.

D’abord, si la France est depuis 4 ans le pays européen qui attire le plus de projets d’investissements étrangers, elle est loin derrière nos voisins en termes de création d’emplois. En moyenne, un investissement étranger, c’est 58 emplois en Allemagne, 59 au Royaume-Uni, 326 en Espagne. Et en France ? Seulement 33.

Ensuite, le chiffre tonitruant de 1259 implantations de sites en 2022 cache une autre réalité. C’est le cabinet EY qui le révèle. 65% de ces nouveaux projets sont en réalité des extensions de sites existants. La France fidélise ses investisseurs mais peine à en attirer de nouveaux.

Mais surtout, la stratégie du gouvernement est mauvaise à plus long terme.

Historiquement, les pays qui ont gagné la bataille de la compétitivité industrielle sont ceux qui ont investi massivement dans l’enseignement supérieur et la recherche.

Or, en France, les budgets stagnent alors que dans le même temps, le nombre d’inscrits dans le supérieur augmente. Contrairement, par exemple, à la Corée du Sud. Pour monter en gamme sur l’industrie, il faut investir dans la formation, et spécifiquement dans la formation pour les métiers de demain.

Le choix opéré par Macron c’est de subventionner les investissements privés plutôt qu’investir dans la formation, ça ne peut pas fonctionner.

C’est quelque chose que nous défendons depuis longtemps, notamment dans les secteurs de la recherche sur la transition énergétique : il faut planifier les qualifications nécessaires. Il faut bâtir les qualifications dont on aura besoin dans le futur et investir dans les formations en conséquence.

C’est le rôle d’un Etat lorsqu’il a une vision stratégique de son avenir industriel. Ce qui nous fait cruellement défaut aujourd’hui.

Bref, #ChooseFrance c’est beaucoup de communication, des cadeaux aux grands groupes qui nous coûtent très cher, et en définitive peu d’emplois sur le territoire.

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