Le COR publie aujourd’hui les résultats de son dernier rapport sur notre système de retraites. C’est éloquent : les macronistes sont définitivement désavoués.
On décrypte ça ensemble.
La première conclusion du rapport, qui a été largement médiatisée, c’est que la réforme ne permet pas d’économies significatives.
Le déficit du système, loin de disparaître comme annoncé par le gouvernement, serait de retour dès 2024 et resterait structurel jusqu’en 2070.
Les premiers commentaires des macronistes étaient prévisibles : La réforme n’allait finalement pas assez loin, il faut être encore plus durs ! Et pourquoi pas la retraite à 65 ans ?
C’est là que c’est intéressant : ils mentent ou n’ont simplement pas compris les conclusions du rapport.
Passons sur le fait qu’ils se soient trompés de 4 milliards dans le calcul des bénéfices de la réforme – il devient difficile de feindre l’étonnement face à leur incompétence.
Ce que le COR et toute l’opposition disent et répètent depuis le début est confirmé :
1) Cette réforme injuste n’était pas nécessaire : le déficit était et reste minime dans les projections, le système n’est pas en péril et les dépenses ne s’emballent absolument pas.
2) Le problème, c’est l’austérité.
Pour expliquer le déficit, ce n’est pas du côté des dépenses mais des recettes qu’il faut regarder.
Et quel est le principal facteur de baisse des recettes selon ce rapport ? La baisse du nombre de fonctionnaires et de leurs salaires !
Si les dépenses diminuent un peu avec la réforme (- 0,7 point de PIB), les ressources diminuent deux fois plus vite (- 1,6 point de PIB) à horizon 2070. Le manque de ressources cause le déficit.
Le COR est explicite : le régime de la fonction publique voit ses dépenses diminuer, car il y a moins de fonctionnaires. Et dans le même temps, la baisse du nombre de fonctionnaires est à elle seule responsable de 75% de la baisse des recettes.
Pour autant, si la réforme est quasi inutile sur le plan budgétaire, ses conséquences sont bien réelles.
Une personne née en 1968 aura une durée de retraite en moyenne inférieure de deux ans à celle de ses parents (1950). Une preuve de plus que l’argument selon lequel on vivrait plus vieux, et qu’il serait donc naturel de travailler plus longtemps, est un mensonge.
Ce sont bien deux ans qui ont été volés aux Français.
La réforme des retraites passe complètement à côté d’un problème majeur soulevé par le COR depuis des années : le décrochage annoncé du niveau de vie des retraités dans les années à venir. Passer à la retraite va redevenir une expérience de dégradation sociale.
Les petits dispositifs sur la hausse des pensions sont insuffisants. Le niveau de vie des retraités continuera de décroître.
En 2070, le niveau de vie des retraités par rapport à celui de l’ensemble de la population serait compris entre 75,4% et 87% contre 101,5% en 2019.
Autant de faits qui nous rappellent que cette réforme des retraites, loin d’être une nécessité, est avant tout un choix politique qui révèle une idéologie.
Il était possible de faire autrement : la retraite à 60 ans dans un système équilibré financièrement.. nous l’avions proposé.