Paris champion, Retailleau gâche la fête.

Samedi soir, le Paris Saint-Germain a été sacré champion d’Europe, à l’issue d’un match impressionnant. 5-0 !! Le 11 parisien, l’un des plus jeunes de l’histoire de la Ligue des Champions, a renversé le vieil Inter Milan dans une finale inédite, et nous a offert une victoire historique.

Mais si nous avons pu compter sur le professionnalisme et la concentration exemplaire des joueurs, le Ministre de l’Intérieur Retailleau a tout fait pour gâcher la fête. Tentons de comprendre.

Paris en fête

Dès le quatrième but parisien, c’était fait, nous le savions : Paris allait être champion. Alors, dans toute la capitale et sa banlieue, la liesse populaire s’est faite entendre : cortèges, klaxons, feux d’artifices, chants. Des centaines de milliers de personnes convergent alors vers Paris.

C’est ce moment que le Ministre Retailleau choisit pour publier sur X (anciennement Twitter) : “des barbares sont venus dans les rues de Paris pour commettre des délits et provoquer les forces de l’ordre”. L’expression “barbares”, directement issue de l’imaginaire colonial, est inédite dans la bouche d’un ministre de l’Intérieur.

Disons le tout de suite : ceux qui ont commis, sur les Champs-Elysées, des dégradations, des vols, des violences contre les pompiers ou les policiers doivent être interpellés et jugés comme le prévoit la loi. Ces quelques centaines d’individus ne représentent en rien l’immense masse du peuple venue là pour profiter du moment historique.

Dans tout Paris, l’ambiance était à la joie et à la fête. En dehors des Champs-Elysées, la présence policière était très limitée et discrète. De Bastille à République, du Châtelet à l’Opéra, les rues étaient remplies de monde, dans une ambiance bon enfant. Sans dégradation, sans violence. 

La doctrine Retailleau, celle du chaos

Mais là où Retailleau avait décidé à l’avance de faire un exemple, le chaos règne. Près des Champs Elysées, le quartier entier était bouclé, les accès coupés, les barrages de police mal organisés. À l’approche de l’avenue, déjà, le gaz lacrymogène serre la gorge et pique le nez. Les familles font demi-tour.

Tous les 200 mètres, sur la plus belle avenue du monde, des barrages de police. Et des grenades qui s’abattent, à rythme régulier, sur les groupes rassemblés qui chantent ou dansent. Les ordres donnés d’en haut sont déplorables. Ce ne sont pas les “casseurs” qui en souffrent, mais bien la grande masse de ceux qui étaient venus pour célébrer le titre.

Ceux qui se sont laissés surprendre par l’ampleur de la violence policière et par les gaz avaient bien du mal à quitter l’avenue : toutes les voies étaient coupées, les barrages difficiles à franchir.

Pour des dizaines de milliers de personnes, la fête a donc tourné au calvaire.

Les médias salissent tout, tout le temps

Avant même la fin du match, le récit était installé sur les chaînes d’information en continu : en boucle, des images des quelques faits isolés de dégradations dans la capitale. Exit la liesse populaire, finis la joie et les chants.

Que s’est-il passé dans notre pays ? Comment le récit médiatique sur un prétendu “ensauvagement” de la société a-t-il pu se développer à ce point ?

Rappelons-nous : le 12 juillet 1998, la France remporte pour la première fois de son histoire la Coupe du monde. Dans tout le pays, une nuit folle, une ambiance magique. Mais aussi des drames : cette nuit-là, les débordements font un mort et 147 blessés, dont 36 graves. Des drames qui n’ont pas effacé la magie de l’instant. Mais l’air du temps a changé : tout est maintenant prétexte à honnir les “barbares”. Tout gâcher, tout salir.

Le naufrage Retailleau

Ce dont nous parlons aujourd’hui est le triste résultat du macronisme qui refuse la présence du peuple dans la rue. En découle une hyperinflation de la violence contre les rassemblements, une répression aveugle et indifférenciée.

Une doctrine catastrophique qui s’applique aux mouvements sociaux, écologistes ou pour la paix, mais aussi aux grands événements sportifs. Deux événements majeurs dont vous avez le souvenir en témoignent.

En 2018, la France remporte sa deuxième Coupe du monde, vingt ans après la première. A leur retour de Moscou, les joueurs doivent traditionnellement défiler pour une grande parade sur les Champs-Elysées. Alexandre Benalla, homme de main du président Macron (plus tard licencié après les révélations de violences qu’il avait commises contre des manifestants), est alors officiellement « en charge de la logistique des bagages ».

Sur une avenue à moitié vide, fermée pour moitié au public, le bus des Bleus passe rapidement : 12 minutes. Pour les centaines de milliers de personnes présentes et pour les joueurs champions du monde, c’est une déception immense. Et pour cause : à l’intérieur du bus, Alexandre Benalla intime au chauffeur d’accélérer. Le cortège est en retard et le président Macron souhaite que les joueurs soient avec lui au Palais de l’Elysée pour l’ouverture des journaux télévisés de 20H.

Quatre ans plus tard, Gérald Darmanin est devenu Ministre de l’Intérieur. Le Stade de France, à Saint-Denis, doit accueillir la finale de la Ligue des Champions, dans laquelle jouent Liverpool et le Real Madrid. Une victoire madrilène et une humiliation française.

La rencontre avait été retardée de trente-sept minutes, les supporters ayant difficilement accédé à l’enceinte parce qu’ils avaient été canalisés dans des goulots d’étranglement surchargés. La police avait tiré des grenades de gaz lacrymogène en direction de milliers de supporteurs anglais coincés derrière des barrières métalliques.

Le ministre Darmanin, qui s’est depuis excusé, avait alors accusé les supporters anglais d’être coupables de ce naufrage.

La stratégie macroniste, y compris lors des événements sportifs, est toujours un désastre, quel que soit le ministre aux manettes. Tous déroulent la même rengaine : toujours plus de répression, de grenades, de coups de matraque.

Pour retrouver la joie d’être ensemble, il va falloir que ces incapables s’en aillent. Nous ferons tout pour.

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