Pollution plastique : l’heure des choix

Depuis lundi, 175 pays sont réunis à Paris dans un objectif : l’adoption d’un traité international contre la pollution plastique.

L’enjeu est énorme. Mais la bataille n’est pas gagnée d’avance.

Je vous explique.

460 millions de tonnes de plastique sont produites chaque année dans le monde. La production mondiale de plastique a plus que doublé dans les 20 dernières années. Elle triplera d’ici 2060 pour atteindre 1,2 milliard de tonnes produites par an si rien ne change, selon l’OCDE.


Omniprésent, le plastique est un fléau tout au long de son cycle de vie : il empoisonne nos écosystèmes et nos corps. On en retrouve partout : dans nos océans – où les plastiques forment même un continent – mais aussi dans nos organes et dans notre sang.

Le plastique est fabriqué à partir de pétrole ou de gaz. La production de plastique est un débouché majeur pour l’industrie pétrogazière, et ce d’autant plus dans un contexte où l’on cherche à réduire notre consommation d’énergie.

Les lobbys des énergies fossiles et de la pétrochimie font donc tout pour que la hausse de la production et de la consommation de plastiques puisse continuer tranquillement. On voit très clairement la trace de la pression de ces lobbys dans les négociations de cette semaine.

Des pays comme la Chine ou les États-Unis poussent pour que l’accord final ne soit pas contraignant. Ils prônent la généralisation du recyclage et une meilleure gestion des déchets comme solution au fléau que représente la pollution plastique. C’est (très) loin d’être suffisant.

Tout d’abord, s’il est évidemment indispensable, le recyclage est loin d’être la solution miracle que nous vendent les industriels : cher, énergivore, polluant…

Si la production mondiale de plastique triple d’ici 2060, la production de déchets va tripler aussi.

Or, comme l’explique Diane Beaumenay-Joannet (Surfrider) : “Même si tous les pays du monde avaient les infrastructures nécessaires, on ne pourrait pas gérer autant de déchets”.

Le recyclage des plastiques est de toute façon insuffisamment développé : seuls 9% des plastiques produits à ce jour ont été recyclés !

De plus, la plupart des matières plastiques sont impossibles à retraiter.

Pour toutes ces raisons, il est indispensable que les négociations aboutissent à un traité contraignant pour mettre fin au fléau de la pollution plastique. Cela forcerait enfin le gouvernement et l’Union européenne à prendre la mesure du problème et sortir de l’inaction.

L’objectif du gouvernement français est de sortir du plastique jetable en 2040 : c’est trop tard.

La loi AGEC est inadaptée et insuffisante.

La loi Climat et Résilience a enterré les propositions de la Convention Citoyenne pour le Climat, et notamment la généralisation de la consigne.

Il faut produire et consommer autrement : interdire les plastiques à usage unique, généraliser les consignes…

Retrouvez nos propositions pour une France “zéro déchet”.

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