Programme de Glucksmann : un autre Macron est possible.

Ce matin, Raphaël Glucksmann présentait sa “vision pour la France”. Depuis des mois, au détour de portraits complaisants dressés par des médias dociles, il assurait travailler d’arrache-pied sur un programme sérieux. Et, après une analyse fine, c’est raté.

Commençons par dire que c’est un document très succinct qui a été présenté ce matin. , Peu de propositions concrètes, aucun chiffrage précis, et qui omet des pans entiers de combats pourtant indispensables quand on prétend parler à la gauche. 

Vous ne trouverez aucune occurrence des mots « dividendes », « milliardaires », « actionnaires », « austérité » ou « lobbies »

Pas plus non plus de mention du génocide en Palestine, et aucune demande de « cessez-le-feu ».

C’est par ailleurs un projet en rupture totale avec le programme du Nouveau Front populaire, pourtant signé par Place Publique et Raphaël Glucksmann il y a un an. Ce revirement, ce renoncement, interroge nécessairement. Sur les 30 mesures d’urgence prévues par le NFP, 21 sont absentes de ce projet. Mais entrons dans le détail.

Économie : un autre Macron est possible

Sur le pouvoir d’achat d’abord. Raphaël Glucksmann propose de revaloriser le salaire minimum (SMIC) à 1600 euros. Mais attention, le diable se cache dans les détails, et le piège arrive immédiatement. Il ne parle pas d’une revalorisation immédiate, mais “dans les deux ans”, soit à horizon 2029. Cela correspond à une hausse de 12% en 4 ans. Une hausse à relativiser, puisque le SMIC arrivera mécaniquement à 1500-1530 euros à cette échéance, par les revalorisations indexées sur l’inflation. Le “coup de pouce” pour votre pouvoir d’achat est donc très limité.

Les insoumis proposent une hausse immédiate du salaire minimum à 1600 euros net par mois.

Ensuite, et c’est un point majeur : les retraites. Avec Glucksmann, pas de retraite à 60 ans sauf exception. Sur le modèle qu’il envisage, c’est le grand flou. Il parle de « converger vers une simplification des régimes et un meilleur équilibre budgétaire ». Une formulation qui pourrait indiquer un régime à points, comme a voulu l’imposer Emmanuel Macron en 2019. Une réforme qu’il avait abandonnée face à la mobilisation populaire.

Toujours aussi inquiétant : il souhaite « cesser la focalisation sur le seul âge légal ». Aucun élément sur la durée de cotisation ou sur l’âge légal de départ…

Le programme insoumis prévoit le retour de la retraite à 60 ans, avec 40 années de cotisations. Et nous indexerons le montant des retraites sur les salaires.

Pour les fonctionnaires, il parle timidement de “soutenir les fonctionnaires, revaloriser durablement les rémunérations”. Il ne donne pas le niveau de la revalorisation. Rappelons que l’Avenir en commun prévoit une revalorisation de la valeur du point d’indice de 10 % et l’inscription de son dégel dans la loi.

Vous ne trouverez rien sur la revalorisation des APL (aides personnalisées au logement). Quand on sait que près de 7 millions de Français bénéficient des aides au logement, et vu la crise systémique de l’accès à un toit, c’est un oubli impardonnable. Nous proposons une augmentation de 10% des APL.

Rien non plus sur l’augmentation des minima sociaux. Près de 15% des Français vivent pourtant sous le seuil de pauvreté. 

Autre sujet majeur : l’inflation galopante en 2022 et 2023, notamment sur les produits alimentaires, a considérablement entamé le pouvoir d’achat des Français. Le retour de la guerre amène à craindre de nouvelles flambées inflationnistes. Pourtant, rien dans le programme de Place Publique sur le blocage des prix. Il ne prévoit qu’une mesure ciblée sur les Outre-mers.

Le programme insoumis prévoit quant à lui le blocage des prix de l’énergie et de cinq fruits et légumes de saison, et des produits de première nécessité.

Le projet ne prévoit aucune nationalisation. Rien de bien surprenant, quand ArcelorMittal veut supprimer 600 postes, Raphaël Glucksmann répète en chœur avec Emmanuel Macron que “la nationalisation n’est pas la solution dans cette situation précise”. C’est cohérent avec son ambition industrielle pour le pays : le mot planification est aux abonnés absents de son programme. Pour organiser la bifurcation écologique et la relocalisation des capacités productives de notre pays, Monsieur Glucksmann mise sur la main invisible du marché. Autrement dit : elle n’aura pas lieu. 

Bref : sur le plan économique, c’est une catastrophe.

Guerre et paix : un va-t-en-guerre de plus est possible

Le projet paru ce matin permet de réaliser l’obsession guerrière de Raphaël Glucksmann. C’est à ce niveau qu’il est le plus inquiétant. Les premiers chapitres concernent le réarmement de la France et de l’Europe. Là où le Nouveau Front populaire faisait de la paix une urgence, la priorité est donnée, y compris budgétairement, à la marche vers la guerre.

Dès la deuxième page, il propose l’extension de la dissuasion nucléaire française à tous les pays européens. Il relance l’idée macroniste d’une défense européenne dans le cadre de l’OTAN.

Il prévoit un plan de 500 milliards à échelle européenne pour le réarmement, après les 800 milliards demandés par Ursula Von der Leyen dans le cadre de son plan Rearm Europe. C’est un gouffre financier sans fin, qui se paiera par nos impôts, la coupe dans nos services publics essentiels et la protection sociale.

Il n’est fait mention qu’une seule fois de la Palestine, au milieu d’une mesure sur le droit international. Pas un mot de sanctions contre Netanyahou ou de position sur l’accord UE-Israël. 

C’est donc, sur la question du génocide en Palestine, la poursuite de sa position de soutien de principe au régime israélien, le silence sur les massacres, et la défense du “droit d’Israel à se défendre”.

De plus, Glucksmann annonce vouloir doubler le budget du programme européen de recherche, Horizon Europe. La presse d’investigation a révélé il y a peu que ce programme européen finançait directement l’industrie de guerre israélienne, et jusqu’au Ministère de la défense israelien.

Nous appelons à un cessez-le-feu à Gaza. À la fin des bombardements par Israël du Liban, de la Syrie, de la Palestine, du Yémen et de l’Iran. Le droit international doit être respecté : Netanyahou et ses complices, sous mandat d’arrêt international pour crime de guerre et crime contre l’Humanité, doivent être arrêtés et châtiés. Il faut un embargo sur les armes contre Israël, des sanctions économiques et la fin de l’accord d’association UE-Israël. C’est à ce prix que la France deviendra ce qu’elle doit être aux yeux du monde : la voix de l’humanisme et de la paix.

Notre projet est clair, chiffré, précis, en rupture avec le vieux monde. Il a pour ambition de changer radicalement la vie des gens. Les Français le connaissent, ils l’ont plébiscité plusieurs fois. Sa nouvelle version est déjà en travail. Les Français choisiront.

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