Programme de Tondelier : l’heure des renoncements ?

Vous ne le savez sûrement pas, mais Marine Tondelier a présenté hier son programme présidentiel.

J’ai décidé de m’y pencher, et ce n’est pas réjouissant :

D’abord, c’est un programme beaucoup moins ambitieux que celui du Nouveau Front populaire, qui, nous le pensions, était le point de départ de ceux qui s’y disent fidèles.

Comme Raphaël Glucksmann, Tondelier propose d’augmenter le SMIC à 1600€ en deux ans. Donc pas avant 2029. Cela correspond à une hausse de 12 % en 4 ans donc, à moitié composée d’inflation puisqu’on arrivera mécaniquement à 1500-1530€. Ce n’est donc pas grand chose.

Pour rappel, dans le programme du NFP et dans celui de La France insoumise, nous proposons d’augmenter immédiatement le SMIC à 1600 euros net.

Sur les retraites, c’est encore pire : Marine Tondelier abandonne la retraite à 60 ans, pourtant inscrite dans le programme du NFP. Elle ne propose plus que la retraite à 62 ans, avec possibilité de partir plus tôt pour les métiers pénibles.

Nous, nous ferons la retraite à 60 ans avec 40 annuités.

Sur le blocage des prix, ce sont les mêmes renoncements. Avec le NFP, nous proposions de bloquer les prix des produits de première nécessité, de l’énergie et des carburants immédiatement. Là, il ne reste plus que des incantations floues “Envisager le blocage, améliorer la régulation”.

Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.

La même logique du moins disant est appliquée sur la revalorisation des traitements des fonctionnaires. À la place d’un rattrapage immédiat du point d’indice (programme NFP et Avenir en Commun), il n’y a plus qu’une réindexation sur l’inflation et une renégociation sur les catégories B et C…

Sur la fiscalité, rien ne va plus. Rien sur le rétablissement de l’ISF, rien sur la progressivité de l’impôt sur le revenu ou la CSG progressive, rien sur l’héritage, rien sur la lutte contre l’évasion fiscale. Toutes ces mesures sont pourtant dans le programme du NFP.

Il reste tout juste un impôt minimal sur les multinationales, flou et assez confus.

Sur l’écologie, et c’est dramatique : le principe de la règle verte a disparu. Ce principe, central dans dans L’Avenir en Commun depuis 2017, figurait en bonne place dans le programme du NFP. Il conditionne le reste.

Sur la rénovation des logements, alors qu’il n’y avait aucun objectif chiffré dans le programme de Jadot 2022, Tondelier propose maintenant 500 000 rénovations par an. C’est un objectif moins disant par rapport à l’Avenir en Commun qui en propose 700 000.

Il n’y a rien sur la gratuité de l’école et des cantines scolaires.

Pour terminer, et c’est sûrement le plus grand désaccord : la question internationale. L’application de ce programme aurait pour conséquence la montée des tensions à l’Est et l’escalade militaire.

En mettant la France dans les mains de Trump, en renforçant notre participation à l’OTAN. Un soutien aussi anachronique que dangereux.

Et en dépouillant la France de sa souveraineté pour la confier à Bruxelles : « Partager le domaine de compétence entre les Etats et l’Union Européenne et supprimer les droits de veto national ». Inadmissible.

En bref, il convient de saluer l’effort de fournir un document programmatique.

Je suis fière de tout le travail accompli à la France insoumise depuis plus d’une décennie sur la mise au point de notre programme.

Des pans entiers de notre travail sont repris, parfois mot pour mot, par des gens qui autrefois s’opposaient au projet de l’Avenir en commun. Qui l’ont ensuite quasiment endossé pour la bataille des législatives. Et qui l’ont maintenant dilué dans une soupe molle d’accommodement au système.

Le chemin jusqu’à 2027 étant encore long : que restera t-il ?

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