Réforme du lycée professionnel : je fais le point

La concertation sur la réforme du lycée professionnel voulue par Emmanuel Macron se tient aujourd’hui.

Cette réforme va poursuivre la destruction du service public de l’éducation, je vous explique pourquoi.

4 éléments de la réforme posent problème :

  • l‘augmentation du nombre de stages au détriment du temps d’enseignement
  • les horaires décidés localement
  • les formations réduites aux besoins locaux
  • la “demi-journée avenir”.

L’augmentation du temps de stage au détriment du temps d’enseignement conduit à une rupture d’égalité entre les lycéens de la voie générale et ceux de la voie professionnelle : moins d’enseignements, c’est moins d’acquis fondamentaux qui seront consolidés.

Or, selon le Centre d’observation de la société, la part d’enfants d’ouvriers dans les lycées professionnels est particulièrement importante : elle s’élève à 34%.

Cette réforme accroît donc les inégalités sociales.

L’éducation doit avoir pour but l’émancipation. Le lycée professionnel ne doit pas se transformer en une filière où les savoirs théoriques sont absents, et où les enseignements se limitent à la pratique.

De plus, les stages ne sont que peu voire pas formateurs. Jean-Rémi Girard, président du SNALC, donne l’exemple des stages de coiffure : “les élèves passent la majorité du temps à balayer des cheveux et mettre des shampoings dans les présentoirs”

Autre point de la réforme : l’adaptation des formations aux besoins des entreprises locales. Un cadeau pour les entreprises, un fardeau pour les lycéens. Ils sont assignés à résidence, et n’auront pas de perspective d’avenir en dehors de leur région de naissance.

L’objectif ne doit pas être l’employabilité immédiate. Après un baccalauréat professionnel, les lycéens doivent avoir le choix de poursuivre leurs études.

En 2019, 1 bachelier pro sur 2 poursuivait ses études, avec une voie privilégiée vers le BTS.

Les horaires décidés localement posent la question de la valeur du diplôme au niveau national : comment un diplôme décidé à l’échelle locale pourra avoir une valeur à l’échelle nationale ?

Dans cette volonté de rapprocher l’entreprise du lycée, la réforme entend faire intervenir plus de professionnels, au détriment des enseignants.

Le gouvernement va venir parachever le démantèlement du service public de l’éducation, dans une filière qui est déjà dépréciée.

L’enseignement professionnel ne doit plus être vu comme une solution de repli. Pourtant, cette réforme ne va que renforcer ces préjugés.

Une grève des lycées professionnels, pour alerter sur les conséquences de la réforme, a eu lieu cette semaine. Elle est reconduite le 17 novembre.

Pour les syndicats, comme pour nous, les points évoqués précédemment ne sont pas négociables.

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