Le budget Bayrou, qui revient bientôt à l’Assemblée nationale, sera le plus dramatique pour l’environnement depuis très longtemps. Une saignée gravissime.
J’alerte.
On l’a compris dès la déclaration de politique générale de François Bayrou. C’était long, très long : 1H26 d’une prise de parole poussive et creuse. Et sur tout ce temps : seulement 1 minute 40 sur l’écologie, au bout d’une heure de discours.
Qu’a-t-il dit ?
Que la France faisait déjà le travail « mieux et davantage qu’aucun autre pays au monde ». Ouf. Rien sur les énergies renouvelables, rien sur la rénovation thermique, rien sur la biodiversité, rien sur le réchauffement climatique.
Mais le diable se cache dans les petites lignes du budget. Quelques annonces sont déjà très inquiétantes.
Il demande bêtement : « Est-il nécessaire que plus de 1 000 agences, organes ou opérateurs exercent l’action publique ? » Comme Trump et Elon Musk avant lui, Bayrou promet de couper violemment dans ce qu’ils considèrent comme de la “bureaucratie inutile”.
Mais de quoi parle-t-on ?
D’abord, c’est l’Office français de la biodiversité (OFB) qui est visé. Il est chargé de lutter contre le braconnage, le trafic d’animaux, et de contrôler les agriculteurs à la demande des juges ou des préfets. Bayrou met directement en cause ses agents, sous pression de la FNSEA. Et promet de leur couper les vivres.
Mais c’est aussi l’Ademe qui est visée. C’est l’Agence de la transition écologique. La droite gouvernementale demande sa suppression pure et simple. Au-delà de l’expertise, la principale mission de l’Ademe est de financer, pour 3 milliards d’euros par an, des projets de décarbonation des collectivités locales ou des entreprises.
Ces 1000 agences menacées, c’est aussi Météo France par exemple. Depuis le début de son mandat, le président Macron n’a cessé d’attaquer Météo France pour en réduire les missions et le budget. J’en parlais ici.
C’est aussi l’ONF, Office national des Forêts, qui remplit un rôle indispensable et d’intérêt général. Le budget Barnier y prévoyait la suppression de 95 postes. On attend encore la sentence. Mais la ministre en charge n’a pas changé.
Au-delà de ces agences et organismes qui vont être durement attaqués, il y a d’autres motifs d’inquiétude, par exemple pour MaPrimeRénov’.
Ce dispositif bien connu permet de soutenir la rénovation thermique des logements.
En 2024, le budget de MaPrimeRenov était de 4,5 milliards.
Barnier avait proposé 2,3 milliards pour 2025.
Bayrou veut 1,6 milliards.
Autant dire un coup d’arrêt extrêmement brutal à cet objectif pourtant prioritaire.
Bref.
Le budget Bayrou est encore pire que celui de Barnier. La saignée qu’il prépare est inédite. L’écologie sera une des premières victimes. Honte à ceux qui l’ont maintenu en place. Bientôt, on censure.