Météo France : l’alerte des salariés


Lundi dernier, je me suis rendue sur le site de Météo France à Toulouse, avec mon collègue député insoumis François Piquemal. Ce fut la découverte d’une expertise et la rencontre avec des travailleurs passionnés, dont les enjeux vont bien au-delà des prévisions météo que l’on entend à la fin des journaux télévisés. 



Lors de mon déplacement, les salariés de Météo France m’ont montré leur expertise. Leurs outils de pointe aussi, comme le supercalculateur. C’est une sorte d’ordinateur particulièrement puissant, indispensable pour améliorer la fiabilité des précisions et prévoir le changement climatique et ses impacts. 

Car s’il ne faut pas confondre météo et effet du changement climatique, le travail des prévisionnistes est indispensable pour comprendre les futures évolutions du climat. Météo France produit d’ailleurs de nombreuses données pour les travaux du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Les salariés m’ont dit leur scepticisme quant à la possibilité de tenir les scénarios d’une hausse du réchauffement moyen à 1,5 ou 2 degrés. Il s’agit pourtant des objectifs que notre pays s’est donné avec l’accord de Paris. Ceux qui suivent au quotidien notre action politique savent que nous insoumis dénonçons sans relâche les politiques climatiques d’Emmanuel Macron qui contribuent à cet échec.



Les travailleurs de Météo France m’ont surtout parlé de leurs conditions de travail difficiles, notamment causées par les décisions du gouvernement. C’est un enjeu sur lequel j’avais travaillé à l’Assemblée nationale il y a quelques mois, à l’occasion de l’audition par la commission du développement durable de Virginie Schwarz, Présidente-Directrice générale de Météo-France depuis 2019.



Si elle nous avait dressé un tableau positif de la situation de Météo France, mes échanges avec les salariés montrent une réalité plus sombre.

Il y a d’abord le problème de l’automatisation, dont on entend parler dans les médias ces dernières semaines. Je vous renvoie notamment au dossier du journal Libération sur le sujet

Cet enjeu a éclaté au grand jour avec une réforme mise en œuvre en novembre dernier. Désormais, les prévisions sont faites automatiquement, avec beaucoup moins de marge de manœuvre pour les travailleurs experts du sujet. Il ne s’agit pas vraiment d’intelligence artificielle puisque le modèle qui fait des prévisions n’apprend pas. 

Résultat : des bugs en série, des prévisions dégradées et une grande souffrance pour les agents. Après avoir fait l’autruche, la direction concède depuis un mois qu’il y a un problème.

Cette réforme ne tombe pas du ciel. Elle découle de la volonté, comme ailleurs, de faire des économies à tout prix. Météo France, ce sont d’abord et avant tout 2 600 salariés dévoués. Il y a 15 ans, ils étaient 1000 de plus. Les syndicalistes de l’établissement m’ont raconté la continuité des politiques menées par Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron. 

Les conséquences se font sentir chaque jour, avec près d’une centaine d’alertes remontées de la part des agents en région pour des risques psychosociaux. La conséquence directe des restructurations précédentes qui ont isolé des travailleurs. 

Sans changement de cap, la situation ne pourra qu’empirer. Seuls 50 prévisionnistes sont formés chaque année quand il en faudrait le triple. La pyramide des âges chez les agents est en Y : les départs à la retraite vont aggraver l’insuffisance des effectifs. 

Malgré ce mal-être, les agents de Météo France aiment leur travail. Les prévisionnistes et leurs collègues aspirent à bien faire. Ils ont choisi cette mission de service public au service de l’intérêt général. 

Pourtant, les voilà aujourd’hui soumis aux logiques marchandes de rentabilité qui pourrissent tout. C’est aussi le résultat de l’application des directives européennes de Bruxelles. L’une d’entre elles permet aux entreprises privées de faire du profit grâce aux données que Météo France publie.

Il est difficile pour les chercheurs de s’exprimer sur les difficultés actuelles, du fait de leur devoir de réserve. C’est à nous, insoumis, que revient le rôle de porter un projet alternatif pour Météo France et pour tous nos opérateurs indispensable à la bifurcation écologique de notre économie. J’ai d’ores et déjà eu l’occasion de le faire comme députée lors des débats sur le budget.



C’est aussi un combat particulièrement mené par le président insoumis de la Commission des finances Eric Coquerel.



Mes collègues Alma Dufour et Sébastien Rome ont déjà consacré deux rapports sur le sujet, rappelant dans celui qu’ils ont consacré au dernier budget “que les moyens alloués aux politiques de l’écologie sont encore très loin des enjeux et des besoins”.

Nous sommes convaincus du rôle majeur de l’expertise publique française face au réchauffement climatique. Notre plan pour la règle verte mentionne explicitement ces ambitions, et la nécessité de leur en donner les moyens. Nous continuerons ce combat ! 




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