Hausses des loyers, mensonges et sexisme, les macronistes se vautrent dans l’abject

La semaine dernière, le vote nocturne par les macronistes d’une disposition visant à maintenir le plafonnement de l’augmentation des loyers a donné lieu à une séquence éloquente, que je veux vous décrypter.

Négligence journalistique, sexisme crasse, mensonge des macronistes : tout y est. Une séquence de 24 heures qui mérite qu’on s’y arrête, tant elle dit beaucoup du système dans lequel nous menons notre bataille des idées.

D’abord, les faits.

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin était discutée une proposition de loi visant à “maintenir provisoirement un dispositif de plafonnement de revalorisation de la variation annuelle des indices locatifs”.


Cette loi prévoit de fixer la révision de l’Indice de Référence des Loyers (IRL) à 3,5% jusqu’au premier trimestre 2024. Il s’agit d’un prolongement de ce qui avait été voté en août 2022 dans le cadre de la loi “Pouvoir d’achat” : la révision de l’IRL y avait été fixée à 3,5% jusqu’au deuxième trimestre 2023. 

L’IRL est un indice calculé chaque trimestre par l’Insee en fonction de l’inflation constatée sur les douze derniers mois. Cet indice sert de base pour la révision annuelle des loyers. En effet, si le bail comprend une clause de révision du loyer – ce qui concerne quasiment tous les baux d’habitation depuis la loi ALUR de 2014 – le loyer peut être augmenté chaque année sur la base de l’IRL, qui sert de plafond à cette hausse. Cette mesure vise à maintenir le pouvoir d’achat des propriétaires-bailleurs en indexant les loyers sur l’inflation. 

Ainsi, si la révision de l’IRL est fixée à 3,5%, cela engendre une hausse potentielle des loyers de 3,5% : on a d’ailleurs vu une augmentation générale record des loyers après la loi sur le pouvoir d’achat en 2022. Quel propriétaire déciderait de s’asseoir sur cette opportunité d’augmenter ses revenus locatifs ? Naturellement, la quasi-totalité des propriétaires choisit la valeur maximale pour la révision annuelle des loyers. 

Fixer la variation de l’IRL à 3,5% en août 2022 a permis une augmentation des loyers de 3,5% en 2022. Maintenir l’IRL à 3,5% jusqu’au premier trimestre 2024 permet une augmentation des loyers de 3,5% pour 2023, soit une augmentation de 7,12% au total entre août 2022 et décembre 2023. Avec mes collègues du groupe La France insoumise – NUPES, nous avons ainsi choisi d’alerter sur le double vote des macronistes augmentant les loyers de 7,1% en l’espace d’un an. 

Les macronistes présentent cette loi comme une mesure de protection des citoyens et citoyennes, mais c’est un mensonge. S’ils avaient réellement souhaité protéger les locataires, qui représentent 40% de la population française, ils auraient gelé les loyers, en fixant la révision de l’IRL à 0%. 

Par cette loi, les macronistes ne protègent pas les Français les plus modestes : ils font un choix politique, celui de privilégier les propriétaires-bailleurs aux locataires. Ces derniers sont pourtant déjà exsangues à cause de l’inflation record que nous subissons depuis un an. 

Depuis cette séquence, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures à l’occasion de la clôture du “CNR Logement”. Elles viennent aggraver le désengagement de l’État en faisant passer la baisse des dépenses publiques avant le nécessaire investissement dans la production de logements. 

Dans ce contexte, la hausse des loyers de 7,12% entre 2022 et 2023 est d’autant plus inadmissible qu’elle constitue un transfert financier de 5 milliards d’euros entre les locataires et les propriétaires-bailleurs. Rappelons que 50% du parc locatif privé est détenu par 3,5% de la population.

En toute logique, nous avons donc voté contre ce texte, dont l’examen s’est achevé au bout de la nuit, vers 3 heures du matin.

Et puis vient l’heure de la bauge macroniste

Quelques heures plus tard, je suis invitée de la matinale de Sud Radio pour parler de la bataille à l’Assemblée autour de la proposition de loi visant à abroger la réforme des retraites. J’y aborde ce vote anti-social de la minorité présidentielle.

Dans la matinée, je publie sur mes réseaux sociaux l’extrait vidéo où je raconte cet épisode parlementaire. Les réactions sont nombreuses, rien de surprenant.

En milieu d’après-midi, un article paraît sur le site du Figaro Immobilier. Son titre ? La gaffe d’une élue LFI qui confond hausse des loyers et de la taxe foncière. Mon équipe m’alerte : cet article revient sur mon intervention le matin même.

La thèse de ce journaliste est celle-ci : j’aurais confondu l’augmentation des loyers avec l’augmentation des valeurs locatives, qui servent de base de calcul à la taxe foncière. Mais où est-il allé chercher ça ? 

Comme chaque année, les valeurs locatives ont été revalorisées au 1er janvier 2023 sur la base de l’indice des prix à la consommation, principale mesure de l’inflation. Le hasard des chiffres fait que les valeurs locatives ont été revalorisées à 7%, les prix à la consommation ayant augmenté de 7% sur l’année 2022. Son erreur vient donc de là, mais cela n’a rien à voir avec la loi votée la semaine dernière. 

Je ne peux qu’abonder en son sens lorsqu’il dit, toujours dans cet article, que l’immobilier est un sujet “technique”, et qu’il est facile de “se prendre les pieds dans le tapis” en s’y intéressant. Nous déplorons toutefois que cela arrive à un journaliste censé être spécialiste de la question. 

Nous avions pourtant diffusé un communiqué, explicitant le chiffre de 7,1% que nous avancions.

Nous décidons d’alerter le journaliste sur cette erreur. Nous parvenons à le contacter rapidement. Il avoue ne pas avoir lu le communiqué. Il n’a pas non plus fait la démarche de nous contacter pour rédiger son article, au mépris de toute déontologie journalistique. Dommage. 

Il promet de rectifier les erreurs factuelles qu’il comporte.

Une heure plus tard, l’article est modifié. Le titre reste inchangé, un oubli. Le fond est remodelé. Le ton reste malveillant, tant pis.

Mais la machine du mensonge est déjà lancée sur les réseaux sociaux. Plusieurs éditorialistes, plus ou moins proches du gouvernement et que j’aurai la bienveillance de ne pas mentionner, reprennent le refrain déjà périmé de l’article : perdue dans les vapeurs matinales, j’aurai confondu taxe foncière et loyers, une terrible “gaffe”.

Le mot d’ordre de la meute macroniste ? Je serais une “incompétente”, doublée d’une menteuse. Des centaines de messages sexistes défilent : “cruche”, “bécasse”, sont les qualificatifs les plus respectueux qu’on y trouve. Tous reprennent une capture d’écran de l’article, depuis modifié.

Force est de constater que, si mes collègues masculins ont également été qualifiés de menteurs et reçu nombre de commentaires haineux, la teneur des messages n’est pas la même. C’est bien un sexisme crasse, abject, qui caractérise la pluie d’insultes dont j’ai été l’objet.

Le journaliste, à l’origine de toutes ces attaques, ne s’excuse pas. Il ne supprime pas des réseaux sociaux ses tweets reprenant le titre fallacieux initial. 

Des vagues d’attaques de trolls, nous en avions déjà vu. Des centaines de commentaires sexistes, en un an de mandat, aussi. Des éditorialistes spécialistes de tout et qualifiés en rien qui y participent, c’est aussi du déjà vu. 

Là où cette séquence est singulière, c’est qu’elle montre comment la propagande macroniste, la malveillance et la négligence journalistique s’agrègent sans difficulté à la violence de la meute en ligne.

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