J’appelle le journal Libération à un peu de sérieux.
Hier est paru un article qui prétendait revenir sur le nouvel ouvrage de l’Institut La Boétie. Un nouveau tract au service du PS, et une incompréhension totale des concepts insoumis.
On va résumer pour eux.
Le nouvel ouvrage de l’Institut La Boétie s’intitule Pour un nouveau communalisme.
Le communalisme insoumis, c’est une rupture avec l’ordre communal établi. C’est un travail inédit de conceptualisation et de mise en forme d’une manière nouvelle de faire advenir la révolution citoyenne à l’échelle municipale.
Mais Libération n’est pas d’accord et le fait savoir. Pour le journaliste, les thèses explorées par l’ouvrage “proposent peu ou prou ce que font déjà les municipalités de gauche depuis 25 ans”. On va donc tenter de décrypter ce que font les mairies socialistes, et en quoi cela n’a rien à voir avec ce que nous proposons :
À Montpellier, le maire socialiste a expulsé des militants écologistes mobilisés contre la construction d’une rocade pour bétonner 80 hectares de terres et détruire 115 espèces protégées. Nous ne ferons pas ça.
À Paris, la maire socialiste n’a pas arrêté la financiarisation immobilière. La mairie laisse un propriétaire sur trois ne pas respecter l’encadrement des loyers.
3500 personnes dorment dans la rue, un logement sur 5 est inoccupé, et un logement sur 10 est un logement type Airbnb. Mais la mairie ne réquisitionne pas les logements et expulse 450 jeunes sans-papiers d’un théatre. Nous ne ferons pas ça.
À Saint-Denis, mairie socialiste, les services publics sont démantelés, et les centres des espaces jeunesses ferment à la pelle, alors que 43% des habitants ont moins de 29 ans. Nous ne ferons pas ça.
Marseille, mairie socialiste, est l’une des villes les plus ségréguées et des plus inégalitaires de France.
Et la liste est encore longue.
Naples et Barcelone, dont Libération regrette qu’on les cite, plutôt que des mairies PS, ont mis en place une méthode nouvelle de gouvernement des communs. Les citoyens y votent, gèrent des services publics locaux en assemblée générale, voient leur droit d’occupation d’immeubles vides reconnu. La gouvernance PS le propose ? Non.
Le livre explique aussi pourquoi la fausse « démocratie participative » prisée des mairies en France ne marche pas. Il s’appuie sur les exemples étrangers qui ont utilisé des outils comme le budget participatif ou les conseils de quartier de manière réellement révolutionnaire : en Espagne ou au Brésil par exemple. Libération n’a pas lu cette partie, certainement.
Autre sujet : depuis 10 ans, on observe une ruée des multinationales sur le sous-sol parisien pour créer des réseaux de chaleur et de fraîcheur, sans planification ni considération de justice sociale.
La grande majorité des mairies, de la vieille gauche ou de droite, distribue les permis d’explorer et d’exploiter au privé, plutôt que de créer les sociétés publiques locales de la chaleur et de la fraîcheur en ville. Elles contribuent à l’externalisation privée des compétences de la bifurcation écologique.
Et ce n’est pas terminé. Le livre développe aussi une critique, appuyée sur de nombreuses luttes locales, de la « rénovation urbaine » des quartiers populaires qui a pour effet de déposséder les habitants. Une politique suivie avec enthousiasme par beaucoup d’élus locaux, gauche et droite, depuis 20 ans.
Enfin, il aurait été intéressant pour le journaliste de ne pas ignorer qui avait pensé et écrit cet ouvrage. Ses auteurs ont pourtant des noms et des expériences à leur actif.
Ils sont géographes comme Cécile Gintrac, docteure en géographie critique et enseignante en classes préparatoires et Allan Popelard, tous deux co-responsables du département de géographie de l’Institut de La Boétie. Mais aussi ancien haut fonctionnaire et administrateur territorial comme Manuel Menal ou spécialiste et théoricien du fait urbain comme Antoine Salles-Papou.
Pour comprendre et lire ce qu’est le communalisme insoumis, il vous faudra lire autre chose que Libération. C’est sûrement ce que vous faites déjà.
En mars, nous ferons dans toutes les communes insoumises ce que la vieille gauche n’a pas fait : la révocation des élus locaux, la réquisition des logements vacants, l’ouverture de la cantine bio et gratuite, le RIC municipal, le gel des loyers municipaux.
Si Libération connaît une seule mairie socialiste qui a fait cela, nous serions heureux de le savoir.
D’ici là, je vous invite toutes et tous à lire et acheter dans vos librairies Pour un nouveau communalisme.