Eaux en bouteille : le scandale

Les industriels de l’eau en bouteille ont caché frauduleusement qu’ils pompaient une eau contaminée. Le gouvernement savait. Plutôt que d’agir, il a affaibli la réglementation.

Explications.

C’est France Info qui dévoile cette affaire.

Le groupe Nestlé, qui distribue notamment les eaux Perrier, Contrex et Vittel et le groupe Alma Sources, qui exploite Cristaline, Saint-Yorre et Vichy Célestins, ont découvert une contamination bactériologique.

On parle là de contamination par des bactéries de type  Escherichia coli et de traces de polluants chimiques. Pour y faire face, les industriels ont utilisé des méthodes de filtration totalement interdites par la réglementation.

Le gouvernement, rapidement mis au courant, a couvert. Ils n’ont prévenu ni les consommateurs ni la commission européenne. Mis au courant, les ministres Le Maire, Véran et Pannier-Runacher demandent un rapport. Les conclusions sont accablantes.

Mais plutôt que de sanctionner les géants de l’industrie de l’eau en bouteille, Borne a décidé d’assouplir les règles par décret. Permettant donc la poursuite de la filtration mise en cause.

Un scandale.


Mais ce n’est pas la première fois qu’un scandale éclate.

Depuis des années, les grandes multinationales tentent de mettre la main sur nos réserves d’eau. Et elles y parviennent. Partout, la résistance s’organise.


Dans le Puy-de-Dôme, à Volvic, la sécheresse a été violente ces dernières années.

Au cours des étés 2022 et 2023, les habitants ont fait face à des restrictions d’eau drastiques pour les usages domestiques, dès le mois de mai.

Interdiction de laver sa voiture, de remplir une piscine, d’arroser son jardin. Les entreprises du territoire ont également été tenues de diminuer leurs prélèvements d’un quart. Pourtant, le géant Danone continue de pomper, sans restriction.

Dans les Vosges, à Vittel, le scandale oppose les habitants à un autre géant. Nestlé (encore eux) surexploite depuis des décennies la nappe souterraine, mettant en danger les réserves de tout le bassin de population.

Dès 1975, les relevés témoignent d’un déficit effarant, de 2,5 millions de mètres cubes par an. Selon les collectifs locaux, “on estime qu’il manque au moins 50 millions de mètres cubes dans cette nappe ; autrement dit, si on arrêtait tout prélèvement, il faudrait 50 ans pour la remettre en état”.

L’eau issue de cette nappe est exportée en totalité. Pourtant, les autorités locales décident régulièrement de faire venir de l’eau d’ailleurs pour approvisionner la ville depuis 2018, face à la réduction préoccupante de la ressource.

À Montagnac dans l’Hérault, c’est encore pire. La nappe phréatique profonde a été vendue par la mairie, en toute discrétion et pour une somme modique. C’est Sources Alma (oui, encore) qui a raflé la mise en septembre 2022.  Et pendant ce temps, le village de Montagnac est toujours en alerte sécheresse, même au mois de décembre.


On parle là des géants de l’eau en bouteille. Mais il serait injuste d’oublier les géants de la construction.

La construction du tunnel pour la ligne Lyon-Turin a déjà tari la source de nombreux villages. Dès le début des travaux, en 2002, les fontaines du village de Villarodin-Bourget ont arrêté de couler.

“C’est un phénomène connu lorsqu’on creuse la montagne car le chemin de l’eau, qui s’infiltre naturellement le long de certaines fissures, est dévié : les sources sont captées par le tunnel, qui devient le nouveau lieu d’écoulement”. Des perturbations irréversibles.


L’eau est un bien commun. Son usage doit être démocratiquement discuté, entre citoyens, industriels et agriculteurs.

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