Réforme des retraites : La nouvelle magouille que le gouvernement veut faire passer en douce

Dans la nouvelle version de la loi que le gouvernement a fait passer par 49.3, ils prévoient de prendre 700 millions d’euros dans la caisse des accidents du travail.

Je vous explique.

Le projet de loi, passé par 49.3, a cristallisé l’opposition à cette contre-réforme, avec des semaines de mobilisations historiques qui ont vu défiler plusieurs millions de personnes. Mais un élément est passé sous les radars de l’ensemble des observateurs.

Le texte final est issu des discussions au Sénat et des magouilles des macronistes avec une partie des Républicains menés par Eric Ciotti. Leurs quelques exigences coûtent cher, très cher.

Le faux dispositif sur les carrières longues (une autre arnaque, mais c’est une autre histoire), coûtera 300 millions d’euros. Le “CDI senior”, 100 millions. La mesurette pour les mères de famille, 300 millions. On touche là au problème central : avec les vraies ou fausses concessions et les coûts cachés de la réforme, les économies censées la justifier s’éloignent.

Mais le gouvernement a trouvé une manœuvre, passée inaperçue. En image, voilà ce qu’ils ont annoncé.

Concrètement, ça veut dire que 700 millions d’euros actuellement alloués à la caisse des Accidents du travail et maladies professionnelles seront transférés aux retraites, pour financer leurs magouilles politiciennes.

Dans le système tel qu’il était au début, les excédents et déficits de chaque branche s’équilibraient : pas de problème. Mais dans le système actuel, les déficits de chaque branche sont instrumentalisés séparément pour justifier des coupes budgétaires.

On pioche dans une caisse indispensable, alors même que toutes les données sont alarmantes sur les accidents au travail depuis une décennie. 1164 personnes sont mortes du travail en 2021 dans l’indifférence générale. La fréquence des accidents du travail est repartie à la hausse depuis 2013.

Entre 2015-2019, les accidents entraînant une incapacité ont augmenté de près de 5 %. Depuis 2013, le nombre global d’accidents a augmenté de 6,1%. Et dans le même temps, la gravité des accidents augmente : entre 2013 et 2019, le nombre d’accidents de travail mortels a augmenté de plus de 35%. Selon Eurostat, la France était en 2019 le pays de l’Union européenne avec le taux le plus élevé d’accidents mortels du travail (3,53 pour 100 000 travailleurs).

Rappelons que nous devons cette situation infernale aux politiques d’Emmanuel Macron : Loi El Khomri en 2016, ordonnances travail… À chaque fois, des mesures qui détricotent les protections des salariés face aux risques.

En dépouillant cette caisse dédiée aux accidents du travail et aux maladies professionnelles, Macron met donc un coup final à la protection des salariés. Il poursuit sa logique de casse sociale, qui s’abat sur des corps et des familles.

Avec Jean-Luc Mélenchon, nous avons fait paraître cette semaine une tribune pour que le régime des retraites, qui est une branche de la Sécurité sociale, soit géré démocratiquement par ses cotisants. Un moyen d’apaiser la colère et de débloquer le pays.

Demain se tiendra à l’Assemblée nationale un colloque animé par mon collègue député Aurélien Saintoul sur la santé au travail.

La mobilisation continue dans la rue et partout où c’est possible contre cette réforme des retraites injuste et violente. Nous pouvons l’emporter !

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