Lycées professionnels : la casse continue

Hier, le président Macron dévoilait lors d’un déplacement attendu son projet pour le lycee professionnel.

Vous vous en doutez : sa réforme n’apporte rien de bon.

Macron a été accueilli, c’est maintenant une habitude partout où il passe, par un immense concert de casseroles. Barricadé derrière les CRS, il n’est pas venu à la rencontre des opposants à la réforme des retraites qui l’attendaient. Un grand bravo aux militants présents sur place comme partout ailleurs !

Les salariés d’Enedis, que j’avais rencontrés il y a quelques semaines, lui ont coupé le courant à son arrivée. Habituée à le barricader partout où il passe, l’équipe du président avait prévu un générateur électrique.

Le président, dans cette ambiance, a tout de même fait quelques annonces.

Ce qu’il prévoit pour le lycée professionnel est dans la droite ligne de ce qui est fait depuis des années : moins d’enseignement, moins de professeurs, et moins d’ambition.

En 2009 déjà, Sarkozy avait réduit les baccalauréats professionnels de 4 à 3 ans. En 2018, Blanquer a supprimé 30 % des heures, soit par la suppression sèche de cours, soit par leur remplacement par des dispositifs inutiles. Macron a également transformé la première année en année de « découverte » d’une « famille de métiers », ne laissant plus que deux ans pour l’acquisition des savoirs professionnels.

Ce n’est pas terminé : second mandat, seconde attaque sur l’enseignement professionnel.

Ne nous y trompons pas : l’objectif est ici bien de faire des économies. Les élèves doivent donc passer toujours moins de temps devant des professeurs. Ils devront maintenant passer un temps plus long en stage directement en entreprise. Peut-être jusqu’à 50% de plus l’année de terminale.

Ces stages seront payés directement par l’Etat. Combien ? 50 à 100 euros par semaine. Donc seulement 300 et 1200 euros PAR AN !

Ils créent donc une main d’œuvre gratuite, à la disposition des entreprises. Les lycéens sont en formation : leur place est à l’école où ils peuvent apprendre dans des ateliers encadrés par des formateurs, et pas à travailler pour des entreprises pour remplacer des salariés dès l’âge de 15 ans.

Emmanuel Macron explique d’ailleurs que rémunérer les stages, « c’est reconnaître que c’est un travail qui est demandé aux élèves ».

Tout cela part d’un mensonge, répété 1000 fois : la réussite des élèves en apprentissage serait bien supérieure à celle des lycéens sous statut scolaire.

C’est faux.

Plus de 3 élèves sur 4 vont jusqu’au bac quand ils sont sous statut scolaire alors qu’ils sont seulement 2 sur 5 via l’apprentissage. Les taux de rupture de contrat d’apprentissage sont également très importants : plus de 39% chez les moins de 18 ans et jusqu’à 71 % en Bac Pro Esthétique, ce qui met fin immédiatement à leur formation. C’est 80 000 jeunes de niveau CAP ou bac pro qui se retrouvent ainsi dans l’impasse chaque année.

Le gouvernement a également annoncé vouloir modifier l’offre de formations dans les lycées pro, pour les adapter aux besoins particuliers des entreprises locales. C’est dangereux. L’éducation n’est pas un simple formatage à l’emploi.



À l’inverse de la casse macroniste, nous avons besoin de l’enseignement professionnel notamment dans la planification de la bifurcation écologique. Mais pour cela il faut une vision stratégique.

Cette fois encore, leur souci, c’est qu’ils n’ont pas travaillé. Pas préparé. Tout improvisé. Ils ne savent pas ce qu’ils vont ni où ils vont. Et condamnent par leur manque de planification des générations entières.

Nous proposons de relancer l’enseignement professionnel, en lui donnant les moyens dont il a besoin et en faisant confiance aux enseignants.

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