Visite de l’hôpital Henri Mondor de Créteil : je vous raconte

J’étais la semaine dernière à Créteil où j’ai visité le service des urgences de l’Hôpital Henri Mondor avec Eric Tricot, infirmier anesthésiste et responsable syndical.

Cette visite s’organisait dans le cadre de l’opération #AlloSégur que nous menons depuis des mois avec tous mes collègues députés insoumis.

J’ai pu y rencontrer les personnels soignants (aides-soignants, infirmiers, médecins) qui m’ont décrit leur quotidien et leurs conditions de travail. Des témoignages accablants sur la situation de l’hôpital public.

Les urgences sont le reflet de ce qui se passe dans le service public de la santé : un manque de moyens matériels et humains, des conditions de travail très dures, et une administration qui n’écoute plus depuis longtemps le personnel en souffrance.

Et à la fin, la maltraitance et l’abandon des patients.

Les urgences vivent constamment en flux tendu : le manque de structures et de médecins de ville renvoie de nombreux patients vers les urgences où ils sont sûrs d’être pris en charge.

Les cliniques privées choisissent leurs patients alors que l’hôpital public récupère les malades les plus difficiles, les plus lourds, nous explique un médecin urgentiste.

Aux urgences de l’Hôpital Henri Mondor, il y a 16 lits, toujours occupés, et une vingtaine de patients qui attendent sur des brancards dans les couloirs. Le même médecin nous dit : “notre problème est simple : nous voulons des lits”.

Simple à entendre et à comprendre. Tous les professionnels de santé le disent. Mais le gouvernement a continué à fermer des lits, 21 000 pendant le quinquennat précédent.

Il faut désengorger les urgences, en amont, avec une meilleure prévention et plus de structures, et en aval, avec plus de lits dans les différents services.

Cette situation met en danger la vie des patients. Les personnels sont dévoués et formés, ils accomplissent une tâche admirable, mais “on a l’impression de devenir maltraitants”, témoigne une infirmière.

Les patients attendent pendant des heures, n’ont pas de couverture, les fenêtres ferment mal et sont rafistolées avec des morceaux de ruban adhésif. “Dans certains endroits la lumière ne marche plus, on doit piquer les patients à la lumière de nos téléphones portables” poursuit l’infirmière.

De plus, les salaires ne sont pas à la hauteur et les formations peuvent être décourageantes. Les conditions deviennent tellement difficiles que “des collègues qui font infirmières pendant 25 ans ça n’existe plus” témoigne Eric Tricot, infirmier anesthésiste. Il est rejoint par le médecin urgentiste : “si ça tient 2 ans c’est déjà beaucoup, les gens ne tiennent plus”.

Avec la pénurie d’essence actuelle, une autre question se pose : comment vont-ils venir travailler ? Certains habitent jusqu’en Seine-et-Marne et sont dans l’impossibilité de venir en transports en commun.

Cela fait des années que le personnel soignant tire la sonnette d’alarme sur la situation de l’hôpital public. La pandémie de Covid-19 a mis en avant plusieurs failles de l’hôpital, pourtant rien ne change.

Nous continuerons de lutter pour le sauver : ceux qu’on a applaudis pendant la pandémie ne méritent pas d’être maltraités ainsi.

Merci et bravo à Damien Maudet et Nathalie Oziol qui ont coordonné depuis des mois le travail de dizaines de députés insoumis sur la crise de l’hôpital pour présenter aujourd’hui ce rapport #AlloSegur.

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